Transformer l’histoire humaine : La lumière de la paix et de la dignité
Proposition pour la paix du 26 janvier 2022 (résumé)
Alors que nous approchons du deuxième anniversaire de la déclaration officielle de la pandémie du nouveau coronavirus (la Covid-19), des variants continuent d’apparaître, entraînant de nouvelles vagues d’infection et créant des conditions éprouvantes dans bien des pays. Il est pénible de voir tant de gens supporter, dans le monde entier, sans réconfort ni soutien, des souffrances liées à la détérioration de leur santé et de leur mode de vie, et à la perte de leurs objectifs, ou plonger dans une profonde détresse après avoir perdu des membres de leur famille ou d’amis.
Au regard des événements et des tendances qui ont marqué l’Histoire, il est également clair que nous ne pouvons pas nous contenter de subir une telle situation, synonyme de perte et de détérioration. Je dis cela parce que je suis fermement convaincu que le facteur clé déterminant le sens de l’Histoire se révèlera être nous, les êtres humains, et non un virus.
Rien n’est plus crucial que de forger des liens de solidarité en prenant conscience des connexions profondes et intenses apparues durant cette crise sans précédent et en agissant ensemble sur cette base, afin de trouver une issue au milieu de la tempête.
Je voudrais évoquer, à partir de trois perspectives différentes, des éléments que je considère comme essentiels pour surmonter non seulement la crise de la Covid-19 mais aussi les autres défis auxquels notre monde est confronté, afin d’ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire humaine.
Le premier défi consiste à affronter les difficultés engendrées par la pandémie pour retisser une base sociale sur laquelle les gens pourront s’appuyer dans les années et les décennies à venir. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons construire une société où les êtres humains pourront affronter et surmonter ensemble les obstacles les plus difficiles, et partager ainsi la même joie d’être en vie.
Le deuxième défi concerne l’établissement d’une conscience solidaire qui s’étende à l’échelle mondiale.
Les mesures pour répondre à la pandémie doivent privilégier les actions communes des gouvernements afin de surmonter la menace qu’elle représente, et non les moyens pour chaque État d’échapper individuellement à cette crise. Les pays du G7 devraient maintenant prendre l’initiative de lancer une convention en vue d’établir des protocoles internationaux permettant de répondre aux futures pandémies, et de développer le cadre d’une coopération internationale, qui pourra s’appuyer sur cette convention.
Pour le troisième défi, je voudrais appeler à une économie qui insuffle de l’espoir aux jeunes et permet aux femmes d’affirmer toute leur dignité.
L’Organisation internationale du travail (OIT) doit organiser cette année un forum multilatéral ayant pour thème « l’être humain au cœur de la reprise économique ». J’aimerais que cet événement soit une plateforme où les pays donnent la priorité aux actions visant à garantir un travail décent et humain pour tous, en mettant particulièrement l’accent sur la garantie des conditions de travail des jeunes. En outre, je suis profondément convaincu que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont les clés pour surmonter la crise de la Covid-19, et construire une économie et une société qui soutiennent la dignité humaine.
J’aimerais également exposer des propositions concrètes concernant trois domaines clés nécessitant une résolution rapide pour le bien des générations actuelles et futures.
Des actions centrées sur les Nations unies pour résoudre la crise climatique
Le premier domaine d’action est le changement climatique. D’année en année, les dommages causés par des événements dus à des températures extrêmes se sont intensifiés et étendus. Durant la COP26, les États-Unis et la Chine se sont mis d’accord pour intensifier les mesures de coopération en matière d’action climatique, et j’encourage vivement le Japon et la Chine à conclure un accord similaire.
J’aimerais également appeler au renforcement des cadres de partenariat entre les Nations unies et la société civile, et proposer la création d’une structure, au sein des Nations unies, où la société civile, guidée par la jeunesse, pourra discuter librement de la protection globale du « patrimoine mondial », c’est-à-dire les ressources qui nous sont à tous nécessaires pour survivre et prospérer. Un conseil de la jeunesse des Nations unies serait une structure idéale pour ce type de débats.
En 2001, un groupe de liaison commun a été mis en place afin d’améliorer la coopération dans la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, de la Convention sur la diversité biologique et de la Convention sur la lutte contre la désertification. Je crois qu’il est temps d’étendre cette alliance en y incluant le soutien de la société civile. J’ai la conviction que cela permettra d’ouvrir de nouvelles perspectives dans la lutte contre le changement climatique.
En mars, une session spéciale de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement se tiendra à Nairobi afin de célébrer le cinquantième anniversaire de la création du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). À l’occasion de cette session spéciale, je prône l’adoption d’une déclaration qui permettra de définir les étapes permettant d’approfondir une approche globale des questions environnementales, dans la perspective de sauvegarder notre patrimoine mondial.
Un environnement propice à l’éducation des enfants
Le deuxième domaine de réflexion est l’éducation, et j’aimerais mettre en avant des propositions qui garantissent et améliorent les opportunités éducatives offertes aux enfants et aux adolescents.
Depuis le début de la pandémie de la Covid-19, le monde a porté en priorité son attention sur la santé publique et la reprise économique. Cependant, en parallèle, un autre problème grave est apparu, qui est l’impact de la pandémie sur les enfants et les jeunes, sous la forme de ruptures dans l’offre éducative et de pertes d’opportunités d’apprentissage dues aux fermetures d’établissements scolaires. Il y a encore une quantité considérable de jeunes apprenants, bloqués du mauvais côté de la fracture numérique, pour qui l’apprentissage à distance reste inenvisageable. Je ne soulignerai jamais assez l’importance de renforcer la coopération internationale dans ce domaine afin que tous les enfants puissent être scolarisés sans interruption.
Il est également essentiel d’accélérer la mise en place d’une éducation inclusive, qui garantisse le droit à l’apprentissage et à l’éducation aux enfants et aux jeunes en situation de handicap.
En septembre prochain, les Nations unies vont se réunir pour le Colloque mondial pour une éducation transformatrice. Je pense que ce colloque offrira un cadre idéal pour des discussions fructueuses sur des thèmes tels que l’éducation en situation d’urgence et l’éducation inclusive. L’ordre du jour pourrait également inclure l’apprentissage à la citoyenneté mondiale comme moyen indispensable pour développer cette conscience solidaire au niveau mondiale, qui peut servir de base commune pour s’attaquer aux crises communes auxquelles l’humanité doit faire face. Je tiens à affirmer mon soutien aux personnes engagées dans ce processus qui consiste à définir et à adopter un plan d’action international pour l’éducation, le développement et le bonheur de tous les enfants.
L’abolition des armes nucléaires : la clé d’un avenir mondial durable
Le troisième domaine à aborder est la nécessité impérative d’abolir les armes nucléaires. À cette fin, je souhaiterais formuler deux propositions.
La première porte sur des mesures propres à libérer le monde de doctrines de sécurité reposant sur les armes nucléaires.
Ce 3 janvier, les dirigeants des cinq États dotés d’armes nucléaires ont émis une déclaration sur la prévention de la guerre nucléaire et des courses aux armements. J’appelle le Conseil de sécurité des Nations unies à prendre cette déclaration conjointe comme base d’une résolution exhortant ces cinq États dotés d’armes nucléaires à adopter des mesures concrètes pour remplir leurs obligations en matière de désarmement nucléaire, telles qu’elles sont stipulées par l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Je préconise en outre qu’une disposition appelant à organiser une réunion de haut niveau sur la réduction du rôle de ces armes nucléaires soit adoptée et incluse dans la déclaration finale de la conférence d’examen du TNP, lorsqu’elle se tiendra.
En 2023, le Japon accueillera le sommet du G7. Je propose que se tienne en parallèle à Hiroshima une réunion de haut niveau sur la réduction du rôle des armes nucléaires, à laquelle pourraient également participer les dirigeants des pays non-membres du G7.
Ma deuxième proposition concerne le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) et, là encore, j’appelle instamment le Japon et les autres États dépendants du nucléaire, ainsi que les États dotés d’armes nucléaires, à participer en tant qu’observateurs à la première réunion des États parties au TIAN, lorsqu’elle se tiendra. Je suggère également que l’on s’engage, lors de cette réunion, à créer un secrétariat permanent chargé de veiller au respect des obligations et de la coopération internationale stipulées dans le TIAN.
L’étape cruciale a maintenant été atteinte dans les efforts visant à abolir les armes nucléaires, et c’est en accomplissant cette tâche que nous pourrons assumer notre responsabilité envers l’avenir. Avec cette profonde conviction, la SGI continuera d’avancer, en développant la solidarité au sein de la société civile, en mettant l’accent sur sur la jeunesse, afin de créer une culture de paix où chacun pourra jouir du droit de vivre en parfaite sécurité.